La 3e édition de Ayiti Mizik Festival, de fond en comble

Depuis 2018, le premier Samedi du nouvel an est consacré à la tenue de la première grande manifestation culturelle du pays précédant notamment le carnaval national. Cette année encore l’adresse n’a pas été modifiée, c’est la pelouse de la Henfraza qui a accueilli le samedi 04 Janvier 2020 pour la 3e fois de suite cette édition de Ayiti Mizik Festival sur fond d’énormes irrégularités.
À l’œil nu, ce n’est aucunement la meilleure édition même si le contexte de cette 3e est tout à fait particulier. 2019 a été pour tous une année extrêmement difficile, d’une façon ou d’une autre le secteur culturel a été aussi affecté jusqu'aux os par les crises qui sévissent dans le pays.
En plein début de l’activité, une partie du podium s’est légèrement endommagé mais a été promptement réparée par les techniciens. Ce qui aurait pu gâcher le bon déroulement du festival.
Le feu Joubert Charles a été honoré lors de cette 3e édition, un hommage qui laisse à désirer. Peterson Francois Junior et Florence El Luche engagés comme MCs de la soirée n’ont pas pu attirer l’attention du public sur un mini documentaire posthume sur Joubert Charles.
Par rapport à un grand retard dû au set up de la sonorisation et quelques d'autres arrangements, le groupe Tabou Band 4 *4 s’est vu obligé de démarrer la soirée aux environs de 7h30 alors que tout devait commencer à 2h30 selon les dires des membres du comité.
Il fallait attendre jusqu’à 8h49 pour assister à la prestation de l’artiste Bendjine qui a gravi le podium avec beaucoup d’énergie d’engouement. Après que Bendjine a exécuté son unique chanson “Feeling pa m”, Thamara Suffren a fait une excellente entrée en scène, elle sait comment faire bouger un public.
Avec ce même orchestre dirigé par le Directeur musical Caleb François, s’en suivaient Vanessa Désiré et K-Dilak qui auraient pu faire mieux.
Il est 9h48, le groupe Harmonick était déjà sur stage. C’est le premier groupe Compas qui allait offrir sa prestation au grand public car il devrait ce même soir il était à l’affiche avec Sweet Micky à Esquina Latina. Une prestation qui n’a pas été inouïe car au moment où le groupe prend son envol, le stage manager demande à ce qu’il parte.
10h13, sous une grande ovation du public, Rutshelle Guillaume a investi le podium dans une tenue de diva. L’arrivée sur stage de Anthony Drew a mis des fourmillements dans la foule surtout quand ils se sont embrassés sur la bouche en pleine performance. Côté musical, cette prestation ne fait pas partie des meilleures meme si elle a été légèrement perturbée par une fine pluie.
Pierre Jean, ancienne star de Digicel a été aussi de la partie. Sa prestation comme celle de Ruthselle a été perturbée mais le public s’est quand même amusé car quelques-unes de ses chansons sont reprises en Coeur au moment de son animation. Quant à Shassy, c’est le maillon faible de la chaîne. Elle n’a pas bien maîtrisé son show et ses chorégraphies n’ont pas été bien exécutées. Parfois en faisant ses mouvements, elle perd le contrôle de son microphone.
Avant même la prestation du groupe Maestro, une vingtaine de "groopies" portant tous un maillot sur lequel s’écrit Maestro ont pris d’assaut l’espace réservé aux travailleurs de La Presse. Du début jusqu’à la fin de cette performance, ces personnes chantent en chœur les refrains des chansons de Maestro. Mais en interprétant quelques refrains des meringues carnavalesques, le public se trouvait dans son assiette dommage l’heure était trop courte pour la bande à T-Ansytho.
Team Madada, pour sa première participation à cet événement majeur n’a pas été du tout ridicule. Ce groupe a été bel et bien épaulé par des hits “Raboday” mixés et joués beaucoup par les DJs du terroir.
Vient la prestation de Kreyol La. Avant tout les musiciens ont tous été sapés pour la circonstance et ce qu’il faut souligner de plusieurs traits, Ti Joe sait toujours comment s’introduire à un public quelque soit l’occasion. Mais point besoin de lunettes pour voir que ce groupe a grand besoin des produits nouveaux à proposer aux mélomanes.
Roody Rood Boy, est l’un des artistes les plus populaires de l’heure, avec ses tubes qui ont marqué l’année 2019, il a fait ce qu’il fallait pour sortir la tête haute à cette 3e édition.
Jusqu’à date, Disip de Gazzman Couleur est à la recherche de la bonne formule pouvant lui permettre d’être convaincant aux festivals.
K-Niway n’a pas malheureusement gardé le trophé de meilleure prestation de l’édition précédente. Sa performance est loin de pouvoir égaler celle de 2019.
Mass Konpa, après plusieurs mois de silence, la bande à Gracia a repris service en honorant des contrats pour les fêtes de fin d’année.
Gracia demeure le fer de lance du groupe jusqu’à date. Malgré l’annonce de sa retraite en décembre dernier les fans continuent à admirer et profiter du “Ti Batko”. La présence de Blondendy n’a pas fait grande différence mais Mass Konpa a quand même assuré à sa façon.
Rolls Lainé, l’un des meilleurs batteurs de sa génération était furieux au moment où Les MCs ont fait appel à Mass Konpa. Le batteur expérimenté avait menacé de vouloir annuler sa prestation. Convaincu par les membres du comité, Djakout #1 égal à lui même a donné une performance tout à fait acceptable.
Avec cette polémique avec T Vice qui meurt à petit feu, Djakout nécessite à l’instar de Kreyol La de nouveaux sons.
Vayb de Michael Guirand, un groupe qui a réalisé une année remarquable et c’est l’un des rares groupes résidant aux États Unis qui étaient en tournée de fin d’année. Sans son batteur Shedley et son percussionniste Ti Almando, il avait l’insigne honneur de mettre une fin à cette 3e édition. Et c’est pour la première fois que certains journalistes et mélomanes ont pu voir ce groupe sur stage avec un seul keyboardiste. “ou pa nan plas mwen” chanté en chœur par le public de la Henfraza, et “Je ferai” sont les chansons qui ont fait les délices du public.
Il était 3h50 am, l'heure à laquelle une bonne partie du public a déjà laissé la pelouse et ceux qui restaient jusqu’à la fin ont fait montre d’une fatigue sans borne.
A rappeler que des groupes comme T.Vice, Zin et Buzz qui figuraient dans le line up n’ont pas été présents pour des raisons non élucidées par les responsables.
À l’unanimité, nous constatons tous qu’il y a eu des erreurs à corriger pour l’édition 2021 qui mettra à l’honneur Dadou Pasquet, musicien légendaire de Magnum Band qui fait ses débuts au sein de Tabou Combo.
Ayiti Mizik Festival nécessite l’apport de tout un chacun pour qu’il devienne un patrimoine culturel.
Me Richarson Bigot, Av. richardsonwiltesbigot@gmail