''Annou bayo zepòl'' un appel vers l'élévation

Il n'y a de problèmes que manque d'humanité. D'amour. Il n'y a de problème qu'absence d'une volonté ordinaire à se dépasser. Il n'y a douleurs que les regards oubliant sèchement de se retourner. Épaules qui ne s'offrent pas. Le terrible du monde résulte en effet dans le fait pour les humains de refuser l'élévation, (c'est-à-dire de sortir de l'égo, ne serait-ce qu'un moment) ce qui serait comme un petit saut simple vers ce qui ne mord et ne fragilise pas la vie. C'est en tout cas une tentative à transcrire, dans un langage pas mieux chaloupé, le texte de la chanson ''Annou bayo zepol", duo réussi entre Jean Bélony Murat et Stanley Georges. J'avais, depuis la première fois que je l'avais écoutée, une envie sinon maladive, étrange à mettre cette chanson sous les feux de la rampe, pour ce qu’elle est inscrite dans une conscience extraordinaire de la réalité. Et lui permettre ainsi d'avoir un plus d'audience. Mais j'ai toujours hésité à le faire. Je ne sais pas trop pourquoi. Par peur, peut-être de n'avoir pas le verbe juste. Et qui collerait avec la facture de ce qu'est la chose dans sa profondeur. Car, je crois, vous l'aurez sans doute admis, que cette chanson fait partie des choses qu'il ne faut pas risquer d'abimer dans des phrases mal dites, prétentieuses, qui ratent le train. ''Annou bayo zepol'', j'y vois un enseignement. Un appel vers l'élévation. J'ai beaucoup aimé aussi, le mobile de la vidéo qui soutient les paroles: un atelier de peinture. Épauler les plus jeunes, c'est l'évidence pour ces deux artistes (dont la voix de chacun, invite a trier du bleu ou des dentelles) mais la manière aussi de le faire importe beaucoup pour eux: des enfants installés dans un atelier de peinture à qui l'on apprend à s'émerveiller devant des lignes, des formes, des perspectives, des couleurs... On peut presque douter qu'il y a meilleure proposition pour les enfants. Épauler les plus jeunes, Belo et Stanley ont-ils compris, c'est les inscrire dans le symbolique. C'est-à-dire dans ce qui n'est pas fait de corps visible, de pulsion. Dans cette société où la pensée se raréfie et la pulsion règne en maître. Où l'on assiste au jeu subtil de la facilité et de la bêtise. Mettre des jeunes au contact de tels éléments, c'est prouver qu'on a vraiment compris, qu'épauler, c'est donc faire advenir au monde. C'est construire, offrir un lieu sain à demain.
Adlyne Bonhomme, poète Journaliste b.adlyne@yahoo.com