Le théâtre était au cœur de la 12ème édition du festival d’Aquin

‘’Limyè’’ est une mise en scène de la comédienne Gaëlle Bienaimé, réalisée à l'occasion de la douzième édition du festival international de musiques et danses d'Aquin, qui s'est déroulée du 18 au 20 avril 2019. Cette mise en scène a été une belle manière pour cette artiste aux sketches passionnants de rendre un hommage appuyé à Manno Chalmagne, crooner et homme engagé qui a fait les beaux jours de la musique haïtienne. Tout s'est passé devant un jeune public, accroché et ému des vibrations de l'instant. Sur fond d'un tambour percutant, T-shirts blancs, jeans bleus, les six comédiennes ont réalisé une belle performance théâtrale à la salle paroissiale. Ces dernières ont su manier leurs voix, leurs gestes et leurs déplacements de telle manière que les spectateurs sont repartis émus et les yeux pleins de joie. Cette mise en scène sur le thème de ''Limye'' a mis en avant Manno Charlemagne et permis à l'assistance de revivre 3 titres de l'artiste "Dwa de lòm, Ya bezwen m, Lajan sa'' qui nous a quittés, il y a presque 2 ans. Les six comédiennes ont fait passer un bon courant aux festivaliers attroupés et dévoués jusqu'à donner l'impression d'être partie prenante de la scène. Ce que Michel Leiris appellerait ''un théâtre total''. ‘’Limyè’’, selon Gaëlle Bienaimé, ce n'est pas uniquement un hommage, c’est aussi une question de mettre en lumière, et autrement, les chansons de Manno Charlemagne jugées insuffisamment exploitées. L’animatrice de "En riyant" dans ses propos après le spectacle, laissait entendre que ces morceaux passent très peu à la radio ou n'y sont joués que quand la situation politique du pays est d’actualité grave. A cela, elle dit entendre poursuivre ce travail pour le bonheur de la société. Principalement celui de la jeunesse, qui, selon elle a besoin de ces vérités pour éveiller leurs consciences de la réalité et les inciter à se battre pour sortir de l'ornière. Ce festival très apprécié dans la cité de Julien Raymond était, comme toujours, à la hauteur de la tâche et fidèle à l'esprit de diversité qui caractérise l'événement. Pour cette 12ème édition, le théâtre était au cœur même de cette activité annuelle. Il faut préciser qu'il y avait dans la ville, la présence remarquable de la brigade d’intervention théâtrale (BIT) dans un théâtre de rue. On retrouvait aussi, dans une mise en scène de Pascal Julio, la Pièce ''Jera ak Jeta'' de l’écrivain Mackenzie Orcel. Pour une ville qui n’a aucune salle de spectacle, les organisateurs ont bien rendu possible cette particularité de l’art avec les moyens du bord.
Adlyne Bonhomme journaliste culturel et poète b.adlyne@yahoo.com