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12 ième édition du festival international musiques et danses traditionnelles d'Aquin: La populat


Ce festival qui chaque année réunit des milliers de spectateurs parmi eux des touristes locaux et étrangers et qui présente au public une grande diversité culturelle n'a pas failli à sa mission pour l'année 2019. Mais la question que l'on se pose est la suivante: ce public s'ouvre t-il vraiment au monde sur le plan musical?

La culture haïtienne est la résultante de la culture européenne et africaine. De cette culture provient plusieurs éléments dont la musique traditionnelle. Par contre, le monde où l'on vit aujourd'hui avec son concept de globalisation s'accentue sur des échanges interculturels. Une opportunité qu'offre le festival international musiques et danses traditionnelles d’Aquin au public. Cependant, cette opportunité est-elle saisie par ce public cible sur le plan musical?

Parmi les artistes et les formations musicales retenues cette année pour le festival on note la présence du groupe « Mariachi d'Haïti ». Un groupe créé dans le cadre de la coopération haïtio-mexicaine. Dans leur sens le plus large, les mariachis sont considérés comme le symbole de la culture mexicaine. Une telle présence devait dans un premier temps pousser la curiosité du public, et dans un second temps lui permettre d'aiguiser son sens de l'observation. Malheureusement il n'en était pas le cas ! La prestation du groupe « Mariachi d'Haïti » a visiblement dérangé la majorité des gens ayant fait pour assister au concert sur la place d’armes d’Aquin. On pouvait entendre « retire kò nou la », « Sa nou vin fè la », « fout demaske nou sou sèn nan », « makak sa yo kisa yap jwe nan figi moun la ». Autant de propos grivois que lançait le public à l’endroit des musiciens. Lesquels propos traduisent une marque d’intolérance grave et inacceptable.

Cette attitude prouve que malgré l'évolution que connait ce monde en matière d'échanges culturels certains haïtiens restent encore enfermés dans leur petite bulle et sont très limités en matière de culture musicale. Le pire dans tout cela est le fait d’y être confortable. Cette même attitude a provoqué une réaction assez juste de la part de la responsable de la Fondation Aquin Solidarité en même temps MC de ce concert, Magalie Comeau Denis. Elle a déclaré que ce festival fait la promotion des musiques du monde. Pour elle, il est temps pour les haïtiens d’avoir la capacité d'apprécier ce qui est beau et bon et de passer outre aux « ti sourit ». Certes la situation socioéconomique du pays sera utilisée comme alibi dans ce cas précis, mais ce qu’il faut retenir est simple : entre la pauvreté et la médiocrité, entre la pauvreté et l’ignorance, il n’existe pas forcément un rapport de causalité.

Le déclin de l’éducation musicale de la population haïtienne est visible à l’œil nu. Ce qui n'est autre que la conséquence de nos choix en matière de politique culturelle et de notre orientation relative à la musique. Y-a t-il encore des écoles de musique en grande quantité et de bonne qualité à travers le pays? De nos jours on compte une pléiade d’animateurs et de présentateurs mais visent-ils réellement la formation de leur auditoire via leurs émissions respectives ? Quel rôle les autorités étatiques jouent-elles dans l’éducation musicale de ce peuple ? Les activités relatives à l’éducation musicale sont-elles accessibles au grand public ? Tout ce questionnement renvoie à la partition que chaque instance devrait jouer dans cette lutte pour l’éducation musicale du peuple haïtien.

Chrislène Lubin/ Journaliste culturelle et spécialiste en Relations Internationales

lubinchrislene122@hotmail.com

 
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