Les fêtes de fin d’année en Haïti, entre risque et incertitude

Il ne fait aucun doute que le secteur événementiel en Haïti est toujours victime de l’instabilité politique. Celle-ci a le dessus sur toutes les activités nocturnes. Après les événements survenus respectivement les 6 et 7 juillet dernier, le 17 Octobre ou encore le 18 Novembre 2018, certains promoteurs doivent inévitablement rebattre la carte. Le doute plane autour des fêtes de fin d'année, et un promoteur doit se gratter la tête avant de faire un grand investissement pour une activité culturelle. Ce qui est stupéfiant en tout ça, même après 63 ans de la création du Konpa direct, le rythme le plus populaire d’Haïti créé par Neymour Jean-Baptiste, être musicien n’est pas reconnu comme profession dans la législation haïtienne. Par contre, nombreuses sont les familles qui dépendent de la musique. Elle est l'unique gagne-pain de la majorité des musiciens. Ces derniers temps, ce qui se dessine en Haïti sur le plan politique crée une peur bleue chez tous les opérateurs du secteur culturel haïtien. Ce qui est plus que normal, car dans une situation inquiétante à ce point, se rendre dans un bal, se divertir à corps perdu serait inadmissible. En général, sur une année civile les musiciens peuvent compter sur la période carnavalesque, la période pascale, la période estivale et la période hivernale pour en tirer certains profits pour subvenir aux besoins de leurs familles. Mais, nous devons admettre que les situations chaotiques peuvent tout chambouler. Si la sécurité n’est pas apparente, c’est évident que les mélomanes ne sortent pas. En décembre 2003, des troubles politiques à travers le pays contre la présence de l’ancien Président Jean Bertrand Aristide au pouvoir a tout paralysé. Et nous courons ce même risque à environ un mois du début des fêtes de fin d’année. Certaines affiches pour la fin de ce mois de novembre 2018 sont annulées en raison du fait que le climat politique ne semble pas opportun aux organisateurs. Si la situation ne s’améliore pas dans un bref délai pour redonner confiance à la population surtout en matière de sécurité, presque tous les groupes musicaux pourront annuler leurs tournées hivernales. À noter qu'une dizaine de groupes musicaux les plus sollicités se résident en terre étrangère. Dans tous les pays du monde, il existe des moments difficiles où le gouvernement ne sait plus quoi faire. Mais la fête de fin d'année devrait être inévitable pour un pays. Nous souhaitons de tout cœur que l’état haïtien rejoigne toutes les forces vives de la nation pour trouver une issue à cette crise qui peut coûter cher au pays en général, mais le secteur culturel en particulier.
Me Richarson Bigot, Av. richardsonwiltesbigot@gmail.com